26 Juil Tout ce que fait le Résir pour prévenir l’insuffisance rénale
Le Réseau de l’insuffisance rénale en Nouvelle-Calédonie (Résir) impose sa marque dans la prévention de la maladie rénale chronique. C’est la conclusion à tirer de son bilan d’activité 2023, exposé devant son assemblée générale le 18 avril. Comment ? Par ses actions de formation des professionnels de santé, d’information auprès du public calédonien et ses études épidémiologiques, dont certaines sont publiées dans des revues internationales de renom.
Avec à sa tête Caroline Mesguen, néphrologue gérante de l’U2nc, le Résir, qui compte aussi l’Atir et le CHT parmi ses adhérents, a tenu son assemblée générale le 18 avril. À l’ordre du jour, son bilan 2023. Premier constat : le réseau est devenu un acteur de premier plan dans la formation des professionnels de santé en Nouvelle-Calédonie. Ainsi, plus de 160 personnes, salariés des opérateurs de dialyse, membres des associations de patients, élèves infirmiers et infirmiers libéraux, ont suivi ses formations en 2023. Le Résir les a aussi bien initiés aux généralités de la maladie rénale chronique (MRC) qu’à des notions spécifiques comme le suivi nutritionnel des patients et la méthodologie de base en épidémiologie.
Les IDE montent en compétences avec le Résir
« À ces formations, il faut ajouter les 5 soirées que le Résir a proposées aux soignants, indique Noémie Baroux, épidémiologiste de l’Atir et l’une des coordinatrices du Résir. Médecins, infirmiers, épidémiologistes, y sont intervenus pour renseigner les participants, en majorité des IDE, sur divers sujets médicaux et paramédicaux. Nous avons parlé d’éducation et de communication thérapeutiques, de diagnostic de la MRC, du don d’organes en Nouvelle-Calédonie, de l’impact des antibiotiques… »
Une contribution croissante à la donnée épidémiologique
Un programme très riche, que les études épidémiologiques du Résir alimentent. Elles constituent, en effet, un volet croissant de son activité et ont abouti, en 2023, à la rédaction de plusieurs articles et rapports scientifiques avec différents partenaires. Ainsi, Néphrologie & Thérapeutique, le journal de la Société francophone de néphrologie, dialyse et transplantation (SFNDT), a publié, fin juin, un article sur la prévalence de la maladie rénale chronique aux stades 3-5 en Nouvelle-Calédonie, issu d’un travail collaboratif avec l’Agence sanitaire et sociale de Nouvelle-Calédonie, l’ASSNC* (notre encadré). D’autres recherches, entamées en 2023, se poursuivront en 2024. Par exemple, une étude sur la polykystose rénale en Nouvelle- Calédonie, entreprise avec l’U2nc.
Le Résir, relais du registre REIN en Nouvelle-Calédonie
Le réseau a également édité un rapport analysant 10 ans de données sur l’insuffisance rénale chronique terminale en Nouvelle-Calédonie et à Wallis et Futuna pour le registre REIN de l’agence de la biomédecine. Il l’avait auparavant présenté à diverses audiences, dont celle des Journées médicales calédoniennes, fin 2023.
Rappelons, à cet égard, que le Résir est chargé de tenir à jour ce registre REIN et ses applications – Diadem pour la dialyse, Cristal pour la greffe. Il l’alimente en données qu’il recueille en Nouvelle-Calédonie et à Wallis et Futuna et qu’il analyse. Ce travail lui permet aussi de fonder ses études épidémiologiques.
Sur le terrain, la prévention jusqu’en tribu
Malgré la crise, le Résir poursuit son action
Aucune crise ne saurait stopper la maladie rénale chronique. Aussi le Résir s’efforcera-t-il de respecter son agenda de prévention, information, formation et études, en 2024. Il souhaite notamment contribuer à évaluer la prise en charge de l’insuffisance rénale chronique terminale (IRCT) en Nouvelle-Calédonie et à Wallis et Futuna. À cet effet, avec ses partenaires, il exploitera les données épidémiologiques disponibles (notamment celles du registre REIN), d’une part. D’autre part, il développera des outils, comme l’échange de données informatisée entre l’application sur la dialyse Diadem et le dossier médical de néphrologie (DMN), pour les nouveaux patients en dialyse. Ses membres espèrent participer à des congrès nationaux, comme celui de la SFNDT prévu à Bordeaux en octobre 2024.
En matière de formation, le Résir veut enseigner gratuitement aux associations de patients et agents des institutions (communaux, provinciaux, etc.), les généralités de la MRC et de la transplantation, pour en faire des relais d’information auprès de la population. Il proposera des cafés-partages au public, en visioconférence. Par ailleurs, ses membres réfléchissent à l’utiliser comme centre de formation commun aux professionnels de la néphrologie. Il continuera aussi à promouvoir le don d’organes en collaboration avec la coordination-greffe du CHT, via des ateliers, rencontres avec les autorités locales (comme le sénat coutumier, vu en janvier), etc.
Pour avancer efficacement contre la MRC, fléau en Océanie, pour abattre les barrières au don d’organes, le Résir espère recevoir le soutien de partenaires locaux, comme l’ASSNC et – pourquoi pas – extérieurs. À cet égard, la conférence programmée en septembre avec des néphrologues polynésiens (notre encadré) est de bon augure.
*L’article est signé Noémie Baroux, Elodie Magnat, Marina Cauchy, Jean-François Cantin, Raphaël Cohen, Pascale Domingue Mena.
L’un des taux d’adultes malades les plus élevés au monde
L’étude conjointe du Résir et de l’ASSNC, parue en juin dans Néphrologie & Thérapeutique, tire des conclusions dont on espère qu’elles orienteront la politique de santé publique calédonienne. Qu’en retenir ?
• Le taux de prévalence de la maladie rénale chronique (MRC) aux stades 3-5 en Nouvelle-Calédonie, parmi les adultes, est estimé entre 5,3 % et 7,8 %.
• Ce taux, qui traduit le nombre de personnes atteintes par la MRC à un instant donné dans la population de la Nouvelle-Calédonie, est 2 à 4 fois plus élevé qu’en France. C’est l’un des plus élevés au monde.
• Il est donc essentiel de développer nos efforts de prévention de la MRC dans le pays.
En 2024, le Résir soutient la coopération dans le Pacifique
Les 18 et 19 septembre, Tahiti accueillera une conférence qui mettra en lien les acteurs polynésiens et calédoniens de l’insuffisance rénale chronique, sous l’impulsion des néphrologues Maeva Wong Fat (centres Dial’Isis, Polynésie française) et Jean- François Cantin (gérant de l’U2nc). Le Résir, l’U2nc, l’Atir et le CHT y participeront en visioconférence. La rencontre permettra de renforcer la coordination des parties en présence, faire un point sur les données épidémiologiques et mutualiser de bonnes pratiques. Maxence Ficheux, néphrologue du CHU Caen Normandie, et un patient, y témoigneront de leur expérience de la dialyse à domicile, pour la promouvoir dans le Pacifique.