04 Avr L’Atir renforce son aide psycho-sociale au patient
C’est un constat inéluctable : au-delà du soin, beaucoup de patients insuffisants rénaux chroniques ont besoin d’aide. Pourquoi ? Pour résoudre les problèmes d’ordre psychologique et social qui impactent leur quotidien, leur moral, leur santé. Par conséquent, l’Atir s’est adjointe les compétences d’une assistante sociale, Amélie Teissedre. Quelques questions à l’intéressée, pivot du pôle psycho-social pluridisciplinaire de l’association.
Amélie, quel chemin vous amène à accompagner les patients insuffisants rénaux de l’Atir ?
Amélie Teissedre : Je suis assistante sociale depuis treize ans, diplômée de l’institut régional du travail social (IRTS) de la région Sud-Provence Alpes-Côte d’Azur. J’ai pratiqué dans l’action sociale à la prison des Baumettes, la SNCF, l’association des paralysés de France, auprès de personnes à domicile… Je suis ensuite partie dans le Pacifique, avec l’envie de voyager. En 2018, je me suis installée en Nouvelle-Calédonie, en pensant y rester deux ans… Et j’y suis toujours ! En effet, l’archipel, en plus de son environnement exceptionnel, offre du travail passionnant. Ici, il y a de grands besoins car aucune structure ne forme d’assistants sociaux. Ainsi, j’ai travaillé pour l’association en charge des personnes handicapées intellectuelles (APEI) et pour l’Institut Spécialisé Autisme (ISA). En parallèle, j’intervenais sur la plateforme SOS Ecoute de l’ACSMS. Aujourd’hui, j’exerce en libéral pour la protection de l’enfance de la province sud et, depuis le 9 janvier, l’Atir, une journée par semaine.
Quelle mission l’Atir vous a-t-elle confiée ?
Amélie T. : Pour améliorer le parcours des patients, l’Atir veut aussi les aider à résoudre leurs problèmes, d’ordre psychologique et social. En effet, en pesant sur leur quotidien, ces problèmes non médicaux entravent leur traitement. Cela, la direction et les médecins de l’Atir l’ont identifié depuis plusieurs années. Dans un premier temps, l’association a donc embauché une psychologue clinicienne, Camille Pontière, qui soulage les patients de leurs souffrances psychiques. Puis, en 2021, elle a confié à ses assistants médicaux, Christel, Lorenza et Petelo, le rôle de relais sociaux. Tous trois recueillent les demandes d’aide sociale des patients. Leur travail remarquable a fait apparaître des questions, nombreuses, qui relevaient d’une assistante sociale. L’Atir s’est donc attachée mes services. Je dépends de la direction des soins infirmiers que Julien Guillemot pilote.
Alors, quelle est ma mission ? Eh bien, en lien avec Camille, les assistants médicaux, les médecins et les infirmiers, j’accompagne les patients soignés dans le grand Nouméa. Nous recherchons avec eux et mettons en œuvre des solutions à des problèmes sociaux variés. Il peut s’agir de difficultés financières ; de faire reconnaitre leurs droits à la retraite, au logement, leur situation de handicap ; d’obtenir une mesure de protection pour adultes (curatelle, tutelle)… L’objectif est de les accompagner, pas de faire pour eux.
Comment exercez-vous à l’Atir et comment les patients réagissent-ils ?
Amélie T. : Lorsque j’arrive à l’Atir, j’effectue un temps de liaison avec les assistants médicaux, qui m’ont accueillie avec beaucoup de générosité. Pour repérer les situations qui relèvent de ma compétence, ils ont mis en place un tableau récapitulatif des demandes d’aide des patients.
Pendant une demi-journée, je rencontre successivement trois à quatre patients, de préférence en bureau isolé. Nous préservons la confidentialité de l’échange, car je suis tenue par le secret professionnel. Lors du premier entretien, je me présente, leur explique mon rôle, avant de centrer l’échange sur leur situation et leurs besoins. Je consacre le reste de ma journée hebdomadaire à l’Atir à effectuer les démarches que mon accompagnement implique. Je suis beaucoup en relation avec les partenaires sociaux et médico-sociaux. Par exemple, la Cafat ; la commission de reconnaissance du handicap et de la dépendance (CRHD) ; le service d’aide médicale et les assistantes sociales de la province Sud ; le tribunal ; les bailleurs sociaux…
Il faut du temps pour construire une relation de confiance mais les premiers contacts avec les patients sont bons. Ils sont satisfaits de cette main tendue par l’Atir et me formulent déjà leurs demandes.
L’Atir souhaite déployer un pôle psycho-social dont vous serez un pivot. Qu’en pensez-vous ?
Amélie T. : J’y adhère pleinement ! L’Atir veut contribuer à améliorer la qualité de vie des patients. D’où sa décision de développer un pôle psycho-social qui reposera sur ma collaboration avec la psychologue et les assistants médicaux. Dès ce début d’année, nous allons réfléchir à notre organisation. Nous devrions nous réunir régulièrement pour examiner les situations individuelles des patients, mener des entretiens avec Camille, pour mêler nos regards. Je veux également intervenir au moment de l’admission des patients pour repérer les situations précaires le plus tôt possible. Et, très important, nous échangerons fréquemment avec les équipes soignantes, médecins et infirmiers. Nous les informerons de notre activité via le dossier du patient, où figurent nos comptes rendus d’intervention et le tableau de suivi social des assistants médicaux.
Quiconque veut me croiser à l’Atir me trouvera ouverte à la discussion. Je suis heureuse de m’investir dans ce travail en synergie, qui aura des répercussions bénéfiques dans le parcours du patient.